Ernst Haeckel - un génie oublié
L’Allemand Ernst Haeckel fait pour moi partie de ces génies oubliés qu’il est bon de remettre à l’honneur, surtout quand je le découvre grâce à la sérendipité d’Internet, et que ses fabuleux croquis collent en tous points à une série de photos sur laquelle j’avais travaillé pendant quelques semaines.
Plafond d'une boutique de luxe à Paris
Né en 1834, mort en 1919, Haeckel était à la fois biologiste, docteur honoris causa en philosophie, docteur en médecine, professeur extraordinaire d’anatomie comparée, professeur en zoologie….rien que ça !
Opéra Garnier, Paris
Mais ce n’est pas tout. Le simple fait de regarder ses planches donne tout simplement envie de ranger ses crayons dans un tiroir et de ne plus jamais les ressortir. Une telle virtuosité frise l’injustice…
Oscar Niemeyer, siège du PCF, Paris
Mieux même, au-delà de la perfection du trait il est manifeste que le sieur Haeckel possédait un sens aigu de l’imagination et du graphisme que beaucoup de nos contemporains doivent lui envier.
Coupole du Printemps, Paris
C’est au cours de ses nombreux voyages qu’il a rencontré les espèces qu’il a étudiées, disséquées, répertoriées toute sa vie durant, et dont il publiera un superbe florilège dans un ouvrage intitulé « Formes d’Art dans la Nature » (Kunstformen der Natur) publié de 1998 à 1904. On peut en admirer les pages sur le compte Flickr de Eric Gjerd, qui doit être remercié pour ce travail colossal de numérisation). Ami de Darwin et défenseur de ses théories, on déplore que certains exégètes aient pu le lier à l’idéologie nazie, mais il a été prouvé depuis que jamais Haeckel n’a été antisémite ou n’a prôné la race aryenne. Cela aurait fait tache dans un cerveau aussi brillant !
Pour Haeckel la biologie était fortement liée à l’art. Son talent artistique fut marqué par la symétrie présente dans la nature, notamment celle observée dans les micro-organismes monocellulaires comme les radiolaires. Ses dessins influencèrent l’art du début du 20ème siècle et plus particulièrement l’Art Nouveau.
Vues du Grand Palais et d'une église parisienne au fisheye
A titre d’exemple, la porte monumentale de l'architecte français René Binet (ci-dessous), réalisée pour l’Exposition Universelle de 1900, et son œuvre tabellaire « Esquisses décoratives », (consultable et téléchargeable ici) s’inspirent directement de Haeckel.
J’en viens au parallèle que l’on peut faire entre certaines compositions de Haeckel et les coupoles parisiennes que je me suis attelée à photographier. Ces verrières et autres plafonds chargés, mêlant peinture, structure et sculpture, reprennent en effet bien souvent des motifs naturels, que ce soit dans la faune ou la flore.
Voici certaines de ces planches en vis-à-vis des oeuvres de l'homme et de la nature ! Etonnant, non?
Une pinède sarthoise